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Ligue contre le cancerLa rechercheActualités de la recherche« L’invisible reste insaisissable et nous fait peur »

« L’invisible reste insaisissable et nous fait peur »

Sous le pseudonyme de « Micronaute », Martin Oeggerli allie art et science. Il met en scène des choses à peine visibles à l’œil nu et remporte prix sur prix pour ses travaux. Ses images, qui illustrent le Rapport de recherche publié par la Ligue contre le cancer et la Recherche suisse contre le cancer, exercent une fascination à laquelle il est difficile de se soustraire.

Portrait Martin Oeggerli : © Pablo Wünsch-Blanco

Comment se fait-il qu’en tant que biologiste moléculaire de formation, vous vous soyez reconverti en photographe scientifique ?
Martin Oeggerli :
En fait, c’était un hasard. Lorsque je travaillais encore dans la recherche sur le cancer, j’ai rencontré une personne qui souhaitait illustrer un rapport annuel avec des images en couleur prises au microscope électronique à balayage. Cette mission m’a captivé dès la première seconde. Un nouveau domaine, où je pouvais exprimer toutes mes compétences et mes intérêts, s’ouvrait à moi. Cette activité qui a commencé comme un hobby et par pur plaisir est devenue mon métier il y a quelques années. Aujourd’hui, je suis devenu astronaute à plein temps dans le domaine microscopique – un micronaute, en somme.

Sans le microscope électronique à balayage (MEB), il n’y aurait pas d’images Micronaute. À quoi ressemble donc cet appareil qui nous permet de visualiser des mondes infiniment petits ?
C’est un appareil très sensible, d’un poids imposant d’environ une tonne, qui se trouve dans une pièce souterraine de l’Université de Bâle. Il s’agit d’un appareil tactile ; le faisceau d’électrons balaye tout et montre la topographie d’un objet avec tous les détails possibles et imaginables. Il permet de visualiser des structures extrêmement précises, mais pas de couleurs. Celles-ci sont ajoutées ultérieurement. La colorisation à l’aide d’un programme de traitement d’image me permet de personnaliser ces images et d’orienter le regard de l’observateur.

Cellules cancéreuses, bactéries, microbes – dans vos images, ils attirent le regard. Comment parvenez-vous à transformer des objets invisibles à l’œil nu en sujets esthétiquement attrayants et à susciter l’étonnement des gens ?
Grâce aux agrandissements d’un facteur dix mille que permet le MEB, je me plonge dans un monde complètement étranger. La surface d’une feuille devient un jardin botanique dans lequel je peux me déplacer. Je prépare ce microcosme pour l’œil humain. Par le traitement ultérieur des images et l’utilisation ciblée des couleurs, le grand public commence soudain à s’intéresser à des choses qui, autrement, seraient difficiles à appréhender. Ces apports visuels sont une merveilleuse occasion de faire connaître des sujets de recherche à un large public et de créer des ponts vers la science.

Vos images d’acariens ont été récompensées et publiées dans des magazines prestigieux.
Les acariens sur mes photos ne ressemblent pas à ce que la plupart des gens imaginent. Le fait est qu’il existe probablement plus d’un million d’espèces d’acariens dans le monde. Toutefois, nous ne remarquons que ceux qui causent des dégâts, nous mordent ou endommagent les plantes d’intérieur. Mais il y a aussi des acariens qui décomposent le feuillage en automne et veillent à ce que les cycles de la nature suivent leur cours. Je veux créer une prise de conscience de cette diversité.

Quel rôle jouent l’éducation et la sensibilisation dans votre travail ?
Je veux montrer aux gens tout ce qui existe. Le microbiome humain, par exemple, contient des centaines de milliers d’espèces de bactéries qui jouent un rôle central dans la santé. La plupart des gens ne se rendent pas compte qu’environ 1,5 kilogramme de bactéries sont actives dans notre organisme. Sans elles, nous ne pourrions pas vivre. Le problème est qu’elles sont si petites que nous ne les voyons pas. Et l’invisible reste insaisissable et nous fait peur – nous ne prêtons attention aux bactéries que lorsqu’elles posent un problème. J’aimerais que, grâce à mon travail, les gens craignent moins l’inconnu, l’infiniment petit. Sous le MEB, le microbiome, tel qu’on le trouve dans les excrétions humaines, se distingue par exemple par la magnificence de ses structures.

Comment identifiez-vous vos sujets ?
Chaque projet est précédé d’une recherche intensive et je travaille souvent en étroite collaboration avec des spécialistes du monde scientifique. Tout débute par une fascination pour quelque chose qui ne me lâche plus – comme pour les œufs de papillon. Dans le rapport de recherche de la Ligue contre le cancer et de la Recherche suisse contre le cancer, on peut voir des œufs de piéride du chou qui ressemblent à des constructions extraterrestres et qui sont équipés d’un système de ventilation complexe qui permet d’alimenter les embryons de chenille en oxygène.

On trouve également des cellules cancéreuses dans vos séries.
Grâce à ces clichés, je peux rendre visibles des sujets très complexes sur lesquels la recherche se penche actuellement. Ils contribuent à susciter de l’intérêt pour un projet ou à mettre en évidence des résultats. C’est par exemple le cas pour les derniers résultats du professeur Nicola Aceto, un chercheur soutenu par la Ligue contre le cancer, qui montrent que les métastases du cancer du sein sont surtout actives pendant la nuit. J’ai illustré cette découverte par une image qui montre des cellules tumorales qui circulent sur un fond sombre – comme un cliché nocturne.

Combien d’heures de travail la réalisation d’une image Micronaute nécessite-t-elle ?
Le temps nécessaire à la réalisation d’une seule image s’élève en moyenne à un mois. Je travaille parfois sur des séries pendant de nombreuses années.

Vos images relèvent-elles plutôt de la science ou de l’art ?
De l’un comme de l’autre. En tant qu’artiste chercheur ou de chercheur intéressé par l’art, je travaille avec un appareil destiné en premier lieu à des fins scientifiques. L’objectif est de créer des images qui répondent à des exigences esthétiques élevées. De l’extérieur, mon travail est vu différemment : pour les chercheurs, il s’agit plutôt d’art, probablement en raison des couleurs ajoutées par la suite. Les galeristes pour leur part classent toutefois plutôt les images Micronaute dans la catégorie des sciences, car un MEB est utilisé et le processus menant à l’image finale ressemble à celui suivi par un chercheur.


Entretien : Tanja Aebli

Martin Oeggerli : mis à disposition

Martin Oeggerli a étudié à l’Université de Bâle, a obtenu un doctorat en pathologie moléculaire et travaillé au sein du département de recherche de l’Hôpital universitaire de Bâle. Ses travaux publiés dans National Geographic, GEO, Focus, Nature, et exposés en grand format dans diverses galeries ont été couronnés par plus de 20 prix scientifiques de renommée internationale. En 2022, le prix Lennart Nilsson lui a été attribué. Les photos de Martin Oeggerli peuvent désormais être admirées dans le rapport de recherche de la Ligue contre le cancer et de la Recherche suisse contre le cancer.

 

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