Les traitements médicamenteux détruisent les cellules cancéreuses dans tout le corps. Ils peuvent avoir des effets indésirables. Certains se manifestent pendant le traitement, d’autres seulement après la fin de la thérapie.
La survenue, la nature et l’intensité des effets indésirables dépendent :
du type de médicaments ;
de la dose administrée ;
de la sensibilité personnelle : tout le monde ne réagit pas de la même manière aux médicaments.
Ce chapitre passe en revue les effets indésirables les plus fréquents. Tous ne vous affecteront pas nécessairement. Certaines personnes n’en présentent aucun, d’autres plusieurs.
L’équipe médicale vous informe
Le personnel soignant et votre médecin traitant vous expliqueront les effets indésirables possibles et les mesures que vous pouvez prendre pour les prévenir. Ils vous indiqueront également ceux que vous devez leur signaler sans délai.
Si vous ressentez des troubles, faites-en rapidement part à l’équipe médicale. Des médicaments ou des soins permettent d’y remédier dans la plupart des cas.
Puis-je recourir à l’automédication en cas d’effets indésirables ?
Certains médicaments sont incompatibles avec votre traitement contre le cancer. Il est donc essentiel que vous informiez l’équipe médicale ou le pharmacien des médicaments que vous prenez ou souhaitez prendre, même si :
ils sont en vente libre ;
il s’agit d’antidouleurs que vous avez chez vous ;
vous prenez ces médicaments depuis longtemps ;
ce sont des remèdes naturels à base de plantes ;
ils vous ont été prescrits dans le cadre d’un traitement de médecine complémentaire.
Les spécialistes utilisent ce terme pour désigner une altération de la production des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes sanguines.
Les globules blancs (leucocytes) sont chargés de nos défenses immunitaires. Lorsqu’ils sont trop peu nombreux, l’organisme a du mal à lutter contre les agents pathogènes.
Surveillez les signes d’infection et informez l’équipe médicale en cas de :
maux de gorge, difficultés à avaler ou douleurs dans la bouche et la gorge ;
brûlures ou douleurs en urinant ;
rhume, toux soudaine, respiration difficile ou douloureuse ;
zone enflée, rouge ou chaude à un endroit où vous avez eu une blessure ;
fièvre.
Important : Si la fièvre dépasse 38 °C ou si vous avez des frissons, contactez immédiatement l’équipe médicale. C’est le signe d’une infection qui nécessite un traitement aux antibiotiques.
Les globules rouges (érythrocytes) transportent l’oxygène dans le sang. Lorsqu’ils sont en nombre insuffisant, on parle d’anémie.
Quels sont les troubles ou les symptômes possibles ?
de la fatigue, un teint pâle ;
de l’essoufflement ou des palpitations cardiaques même lors d’un effort léger ;
des vertiges ;
des maux de tête ;
une humeur dépressive.
Informez l’équipe médicale si vous souffrez des troubles susmentionnés, si ceux-ci s’aggravent ou si vous vous assoupissez souvent sans le vouloir. L’anémie peut être traitée au moyen de médicaments ou de transfusions sanguines.
Les plaquettes sanguines (thrombocytes) aident le sang à coaguler. Lorsqu’elles sont en nombre insuffisant, les saignements sont plus importants et durent plus longtemps en cas de blessure. Des saignements de nez ou des bleus peuvent apparaître spontanément. En principe, l’organisme parvient à arrêter les saignements même si le taux de thrombocytes est bas.
Informez l’équipe médicale dans les cas suivants :
• points rouges de la taille d’une tête d’épingle, p. ex. sur le tibia, la cheville ou dans la bouche ;
• hématomes ou bleus sur tout le corps ;
• saignements de nez ou des gencives ou saignements provenant de petites coupures difficiles ou impossibles à arrêter.
Important
Ne prenez aucun médicament sans en parler au préalable à l’équipe médicale.
Consultez votre médecin avant de voir un dentiste.
N’acceptez pas d’injections intramusculaires sans l’accord de votre médecin.
Fatigue
La fatigue liée au cancer est une fatigue éprouvante et difficile à surmonter. Elle ne disparaît pas avec une bonne nuit de sommeil ou du repos et laisse un sentiment d’épuisement sur le plan physique, mental et émotionnel. En règle générale, c’est un effet indésirable transitoire. Si vous ressentez encore de la fatigue après la fin de votre traitement, parlez-en à l’équipe médicale.
La fatigue peut provoquer les symptômes suivants :
un épuisement persistant, un teint pâle ;
de l’essoufflement ou des palpitations cardiaques même lors d’un effort léger ;
des vertiges, des maux de tête, des difficultés à se concentrer ;
de l’abattement, un manque d’appétit.
Comment y remédier ?
Faites les choses qui vous tiennent à cœur au moment où vous avez le plus d’énergie.
Mangez ce que vous aimez et buvez environ 1,5 litre d’eau par jour.
Essayez de garder une activité physique. Une promenade, même courte, a un effet bénéfique sur le métabolisme, la circulation sanguine et l’humeur.
Vous trouverez de plus amples informations sur la fatigue et les mesures qui permettent d’y remédier dans les brochures de la Ligue contre le cancer « Fatigue et cancer » et « Activité physique et cancer », ainsi que sur la page internet « La fatigue ».
Troubles cognitifs
Les symptômes ci-après peuvent indiquer des difficultés cognitives, une sorte de brouillard mental lié à la chimiothérapie. Ces symptômes peuvent survenir même un an après la fin du traitement :
troubles de la mémoire ;
manque de concentration ;
problèmes d’apprentissage ;
difficultés à trouver ses mots ;
difficultés à gérer le quotidien.
Comment améliorer sa concentration ?
• Éviter de se laisser distraire et déranger.
• Prévoir des pauses à l’air frais.
• Profiter du moment de la journée où la concentration est la meilleure.
Nausées et vomissements
Il existe un large éventail de médicaments contre les nausées et les vomissements. Ils atténuent les symptômes ou préviennent leur apparition. Ils vous seront remis avant le traitement.
Il est préférable de prendre les médicaments avant de vous sentir mal.
Les médicaments qui neutralisent l’acidité gastrique peuvent apaiser les troubles.
Des anxiolytiques peuvent être efficaces chez certaines personnes.
Des exercices de relaxation, l’acupuncture ou l’acupression sur un point spécifique peuvent apporter un soulagement.
Réagir immédiatement
Si vous vous sentez mal, si vous avez des maux d’estomac ou des nausées, prenez les médicaments de réserve qui vous ont été prescrits et avisez l’équipe médicale.
Vous trouverez des informations supplémentaires pour soulager les nausées et remédier au manque d’appétit dans la brochure « Alimentation et cancer ».
Que faire en cas de constipation ?
• Optez pour une alimentation riche en fibres (fruits frais, légumes, aliments complets).
• Buvez un à deux litres d’eau ou de tisane non sucrée.
• Stimulez le transit intestinal grâce à l’activité physique, des massages du ventre ou l’acupression.
• Évitez les aliments qui constipent, comme les bananes, le chocolat ou le thé noir.
• Prenez, avec l’accord de votre médecin, une préparation à base de magnésium.
Prévenez l’équipe médicale si la constipation dure depuis un certain temps et si vous avez des maux de ventre. Votre médecin pourra vous prescrire un laxatif.
Que faire en cas de diarrhée ?
Buvez un à deux litres d’eau. Le thé noir et le bouillon sont également conseillés.
Mangez du riz blanc, des pâtes, du chocolat noir (avec au minimum 70 % de cacao) et des bananes.
Évitez les aliments qui stimulent le transit intestinal : fruits secs, raisin, produits laitiers et crudités.
Si la diarrhée se prolonge, prenez des boissons isotoniques ou un mélange d’électrolytes en vente en pharmacie pour compenser la perte de liquide et de sels minéraux.
Informez l’équipe médicale si vous avez la diarrhée. Il existe de nombreuses solutions pour y remédier.
Que faire en cas de manque d’appétit ?
Faites une promenade avant le repas.
Mangez ce qui vous fait envie.
Fractionnez vos repas en petites portions réparties sur la journée.
Prenez si possible vos repas en compagnie de personnes que vous appréciez.
Évitez les odeurs qui vous écœurent. Les mets froids ont une odeur moins prononcée que les plats chauds.
Demandez conseil à l’équipe médicale ou consultez une diététicienne. Vous trouverez de plus amples informations sur le sujet dans la brochure « Alimentation et cancer » et sur notre site internet.
Thrombose veineuse
La thrombose désigne l’obstruction d’un vaisseau sanguin par un caillot de sang. Elle touche généralement les veines de la jambe.
un gonflement ;
des douleurs ;
une peau tirant sur le rouge ou le bleu.
Si vous présentez ce type de symptômes, contactez immédiatement votre médecin traitant.
Qu’est-ce qu’une embolie pulmonaire ?
L’embolie survient lorsque le caillot de sang se détache de son lieu d’origine et obstrue un vaisseau pulmonaire. Elle se manifeste par un léger essoufflement qui empire par la suite ou par des problèmes respiratoires soudains.
L’embolie pulmonaire constitue une urgence médicale et nécessite une prise en charge immédiate. Demandez à l’équipe médicale les signes auxquels vous devez faire attention.
Inflammation des muqueuses de la bouche et de la gorge
Les médicaments utilisés dans le traitement du cancer peuvent endommager la muqueuse buccale, ce qui peut provoquer une inflammation, parfois accompagnée d’une infection due à un champignon (mycose).
• Brossez-vous les dents après chaque repas avec une brosse à dents souple ou électrique et un dentifrice doux. Rincez-vous la bouche avec beaucoup d’eau ; les résidus de dentifrice assèchent la muqueuse buccale.
• Brossez-vous les dents au moins une fois par semaine avec un gel fluoré.
• Éliminez les dépôts en vous rinçant la bouche plusieurs fois par jour avec un bain de bouche doux à l’eau salée (une prise de sel dans 1 dl d’eau) ou au bicarbonate de soude (une prise de bicarbonate de soude dans 1 dl d’eau). Le bicarbonate de soude est en vente en pharmacie.
• Renoncez aux bains de bouche agressifs ou alcoolisés et au fil dentaire. Utilisez une brossette interdentaire pour nettoyer les espaces interdentaires.
• Renoncez aux aliments qui irritent les muqueuses, comme les agrumes, le vinaigre et les épices fortes.
L’équipe médicale, une diététicienne ou votre médecin pourront vous donner d’autres conseils pour remédier aux inflammations buccales.
Chute des cheveux
Les traitements médicamenteux contre le cancer n’entraînent pas systématiquement la chute des cheveux ; cela dépend du type de médicaments et de la dose administrée et varie d’une personne à l’autre.
Les cheveux peuvent devenir moins fournis dans les premières semaines du traitement ou tomber complètement en quelques jours.
La chute des cheveux peut être difficile à vivre, car elle modifie l’apparence. Demandez à l’équipe médicale si vos cheveux risquent de tomber et renseignez-vous sur les mesures que vous pouvez prendre à titre préventif.
La chimiothérapie peut affecter l’ensemble du système pileux. Les cheveux et les poils repoussent dès que le corps a éliminé les médicaments. Pour les cheveux, il faut généralement compter entre deux et quatre semaines ; parfois, ils repoussent déjà pendant le traitement.
Chez certaines personnes, les cheveux qui repoussent ont une autre couleur, sont plus ondulés ou un peu moins fournis. La chimiothérapie peut affecter les pigments qui donnent leur couleur aux cheveux et entraîner l’apparition temporaire ou définitive de cheveux blancs. Des cheveux lisses peuvent boucler en repoussant ; en général, ils reprennent toutefois leur aspect d’origine par la suite.
Les poils mettent un peu plus de temps que les cheveux à repousser. Il faut parfois jusqu’à dix mois pour que les cils et les sourcils retrouvent leur longueur normale.
Des modifications peuvent survenir après quelques mois de traitement. Les cheveux et les poils peuvent devenir plus clairsemés, plus frisés ou plus cassants. Ils peuvent également changer de couleur. Chez les hommes, la barbe peut être moins fournie.
La fondation Look good — feel better organise, en collaboration avec les ligues régionales contre le cancer, des ateliers de beauté pour mieux gérer les changements physiques liés à la maladie. Elle propose notamment des astuces de maquillage, des conseils pour prendre soin de sa peau ou pour le choix des perruques ou des foulards.
Les traitements médicamenteux peuvent provoquer différents changements au niveau de la peau : modification de la pigmentation, éruptions, démangeaisons, inflammations, apparition de cloques et de crevasses aux mains et aux pieds.
Évitez tout contact avec des substances adhésives (sparadraps, colle), des produits de nettoyage agressifs et des cosmétiques contenant de l’alcool (parfum, après-rasage).
Préférez les douches tièdes aux bains chauds.
Évitez de frotter votre peau trop énergiquement sous la douche.
Privilégiez l’ombre. Évitez si possible les expositions directes au soleil.
Évitez les points de pression au niveau des mains et des pieds.
Utilisez des produits de soin hydratants et légèrement gras.
Si vous observez des modifications au niveau de votre peau, signalez-les au personnel soignant. Il pourra vous donner des conseils pour remédier aux différents problèmes.
Syndrome main-pied
Certains médicaments contre le cancer peuvent provoquer des rougeurs ou des gonflements douloureux des mains et des pieds. Si vous rencontrez ce problème, signalez-le à l’équipe médicale.
Utilisez des crèmes grasses pour la peau.
Évitez les pressions ou frottements aux endroits concernés.
Évitez l’eau très chaude. Baignez quotidiennement vos mains et vos pieds dans de l’eau froide.
Ne vous exposez pas au soleil direct.
Neuropathie
Ce terme désigne une affection du système nerveux. Les symptômes les plus fréquents sont des fourmillements, un engourdissement ou des douleurs au niveau des mains et des pieds.
Il est important de reconnaître rapidement les symptômes d’une neuropathie et de les signaler au personnel soignant ou au médecin. Ces symptômes peuvent apparaître pendant ou après le traitement. En principe, ils disparaissent à la fin de la thérapie.
Vous trouverez de plus amples informations dans la fiche d’information sur les lésions neurologiques .
Désir d’enfant malgré un cancer
La chimiothérapie peut endommager ou détruire les ovules et les spermatozoïdes, de sorte qu’une conception naturelle ne sera plus possible.
Si vous prévoyez d’avoir des enfants ou si vous voulez vous laisser la possibilité d’en avoir ultérieurement, abordez la question avant le début du traitement. Votre médecin vous expliquera les risques d’infertilité que votre traitement pourrait entraîner et vous donnera des informations sur les solutions à disposition pour y remédier.
Les ovules et les spermatozoïdes peuvent être congelés avant le début du traitement (cryoconservation). Il est également possible de congeler du tissu des ovaires ou des testicules. La congélation d’ovules ou de tissu ovarien permet d’envisager une procréation médicalement assistée ultérieurement.
Il se peut également que des mesures de préservation de la fertilité soient superflues dans votre cas. Si vos règles réapparaissent après la fin de la chimiothérapie, une grossesse devrait à nouveau être possible.
Bien que la chimiothérapie puisse endommager les ovules et les spermatozoïdes, une grossesse ne peut pas être exclue. Les dommages subis par les cellules reproductrices peuvent entraîner des malformations chez le fœtus. C’est pourquoi il est important d’utiliser une méthode de contraception pendant la chimiothérapie, même en l’absence de cycle menstruel.
Pour en savoir plus sur les mesures de préservation de la fertilité, la cryoconservation et la prise en charge des coûts, consultez notre page internet.
Sexualité et intimité
Les traitements contre le cancer peuvent affecter la sexualité. Chez la plupart des personnes concernées, l’excitation et le désir sexuels diminuent, de même que la capacité à atteindre un orgasme. Les changements physiques peuvent également avoir des répercussions sur la libido.
La personne peut avoir le sentiment que son corps lui est étranger, penser qu’elle n’est plus désirable ou avoir peur de se montrer à son ou sa partenaire ; dans ce dernier cas, une lumière tamisée peut parfois apporter une amélioration.
Les effets indésirables des traitements contre le cancer, comme une fatigue intense ou les troubles de la ménopause, influencent également la sexualité et l’intimité. La sécheresse et l’inflammation de la muqueuse vaginale, par exemple, peuvent rendre les rapports sexuels douloureux. Un gel ou une huile lubrifiante peuvent y remédier. Demandez conseil au personnel soignant ou à l’équipe médicale.
Le traitement peut également entraîner des difficultés à atteindre ou maintenir une érection ; il existe des solutions pour remédier à ces problèmes.
Les changements dans votre vie sexuelle et intime peuvent avoir des répercussions sur votre couple. Si vous arrivez à dialoguer avec votre partenaire, faites-lui part de vos besoins, de vos craintes et de vos incertitudes. Vous pouvez également demander conseil à l’équipe médicale ou à un ou une sexologue.
Du point de vue médical, les rapports sexuels sont tout à fait possibles durant le traitement. Ils ne stimulent pas la progression de la maladie et ne compromettent pas l’efficacité du traitement. Le cancer n’est pas une maladie transmissible ; les cellules cancéreuses ne peuvent pas passer d’une personne à l’autre lors des rapports sexuels.
Pendant une chimiothérapie, les sécrétions vaginales et le sperme peuvent contenir des traces de médicaments. Pour protéger votre partenaire, il est recommandé d’utiliser un préservatif. L’équipe médicale pourra vous dire pendant combien de temps cette protection est nécessaire.
La ménopause désigne la diminution progressive de la production d’hormones par les ovaires jusqu’à l’arrêt complet des règles.
Les médicaments contre le cancer peuvent provoquer une ménopause immédiate, même chez une patiente très jeune. Les troubles qui l’accompagnent peuvent être plus marqués que lorsque les règles cessent graduellement.
Une ménopause précoce qui survient du jour au lendemain peut être difficile à vivre psychologiquement. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à vous adresser à votre médecin, à la Ligne InfoCancer ou aux ligues régionales ou cantonales contre le cancer.
La production de testostérone peut chuter pendant ou après un traitement contre le cancer, ce qui peut entraîner une baisse de l’intérêt pour le sexe et une diminution de la capacité érectile. Des médicaments peuvent compenser ce déficit en testostérone, pour autant que cela n’aggrave pas votre cancer. Le mieux est d’en discuter avec votre médecin traitant.
Les personnes concernées, les proches et toutes personnes intéressés peuvent s’adresser à la Ligne InfoCancer en semaine par téléphone, courriel, chat ou vidéotéléphonie de 10h à 18h.