krebsliga_aargaukrebsliga_baselkrebsliga_bernkrebsliga_bern_dekrebsliga_bern_frkrebsliga_freiburgkrebsliga_freiburg_dekrebsliga_freiburg_frkrebsliga_genfkrebsliga_glaruskrebsliga_graubuendenkrebsliga_jurakrebsliga_liechtensteinkrebsliga_neuenburgkrebsliga_ostschweizkrebsliga_schaffhausenkrebsliga_schweiz_dekrebsliga_schweiz_fr_einzeiligkrebsliga_schweiz_frkrebsliga_schweiz_itkrebsliga_solothurnkrebsliga_stgallen_appenzellkrebsliga_tessinkrebsliga_thurgaukrebsliga_waadtkrebsliga_wallis_dekrebsliga_wallis_frkrebsliga_zentralschweizkrebsliga_zuerichkrebsliga_zug
Ligue contre le cancerLa rechercheActualités de la recherche« Pour les familles d'enfants atteints de cancer, cela fait une différence tangible »

« Pour les familles d'enfants atteints de cancer, cela fait une différence tangible »

Un demi-degré suffit : les enfants et les adolescents atteints de cancer doivent-ils se rendre aux urgences à 38,5 ou seulement à 39 degrés Celsius ? Les résultats d'une étude pourraient soulager les familles concernées.

Roland Ammann et Isabelle Lamontagne

Texte: Ori Schipper, edition: Danica Gröhlich, photo (grande): Valérie Chételat  

« L’image de la fièvre qui est bonne et utile est très répandue dans la société . Mais nos données ne permettent pas de tirer une telle conclusion », dit Prof. Roland Ammann. Il est spécialiste du cancer de l’enfant et responsable d’un groupe de recherche à l’Hôpital de l’Île à Berne. 

Il y a quelques années, il a développé avec son équipe un essai clinique soutenu financièrement par la Ligue suisse contre le cancer, réalisé dans six centres du cancer de l’enfant de notre pays. La question essentielle : faut-il hospitaliser les jeunes patient-e-s comme jusqu’à présent à partir d’une température de 38,5 °C ou seulement à partir de 39°C? 
 

Infections en urgence  

Les enfants et adolescent-e-s atteint-e-s d’un cancer reçoivent souvent une chimiothérapie. Ces médicaments n’éliminent pas seulement les cellules cancéreuses, mais aussi toutes les autres cellules à division rapide. En font partie les cellules souches hématopoïétiques, responsables également de la fabrication de cellules immunitaires. Par conséquent, la chimiothérapie cause une déficience provisoire en cellules immunitaires, dont le nom scientifique est neutropénie. 

Dans cet état de déficience immunitaire, une infection bactérienne peut vite devenir incontrôlable et mettre la vie en danger. C’est pourquoi les médecins ont appris depuis des dizaines d’années à envoyer leurs jeunes patient-e-s en urgence à l’hôpital au moindre signe d’infection et à les soigner par un antibiotique à large spectre dès que la température dépasse un seuil défini. Effectivement, cette prudence a permis de faire baisser la mortalité par infection à moins de 1 %. 
 

Les enfants reçoivent un traitement excessif  

Mais les analyses de laboratoire, dont les résultats arrivent le plus souvent quelques jours après le début du traitement par antibiotiques, montrent qu’une infection bactérienne n’est présente que dans un cas sur quatre. « L’immense majorité de nos patientes et patients reçoivent un traitement excessif », dit le spécialiste du cancer de l’enfant. Environ la moitié des épisodes fébriles sont dus à des infections virales qui reculent le plus souvent au bout de quelques jours, même sans antibiotiques, explique-t-il. 

Pour étudier s’il est possible de réduire l’usage de ces médicaments et d’éviter des hospitalisations inutiles sans pour autant mettre en danger la vie des jeunes patient-e-s, il a développé avec son équipe un essai clinique. 
 

De moins à l’hôpital  

Au total, 269 enfants et adolescente-s atteint-e-s d’un cancer, âgé-e-s de 1 à 17 ans, ont participé à l’étude. Dès les deux analyses intermédiaires, les résultats étaient si flagrants que l’équipe de recherche décida de stopper l’étude avant la date prévue. Les résultats publiés dans la revue médicale de renom The Lancet Child & Adolescent Health montrent d’une part qu’un seuil de fièvre plus élevé n’est pas dangereux, c’est-à-dire que décaler le seuil de fièvre ne mène pas à plus de redoutables septicémies bactériennes chez les jeunes patient-e-s. 

D’autre part, les résultats ont montré que relever le seuil de température permet de réduire de 17 % les hospitalisations. À l’échelon du patient individuel, cela veut dire qu’au cours d’une année de chimiothérapie, il ou elle ne passera en moyenne que douze jours à l’hôpital au lieu de 18. « Une petite semaine de plus à la maison, c’est une différence notable pour les familles d’enfants atteints d’un cancer », souligne Ammann. 
 

Difficile de faire changer les mentalités  

En projetant ces chiffres à l’échelle de la Suisse, cela représente une économie de 1200 occupations de lits par an, soit environ 2,4 millions de francs. « Pour la Suisse et d’autres pays où les conditions sont comparables, nous pouvons recommander basé sur les preuves scientifiques un seuil de fièvre de 39 °C en oncologie pédiatrique », affirme sans équivoque l’équipe de recherche dans son article scientifique. 

Il est difficile de faire changer les mentalités, d’autant plus que, surtout au début, cela demande beaucoup de courage et des nerfs solides. Le seuil de fièvre en cas de neutropénie ne s’est donc pas encore décalé en Suisse, la discussion a surtout lieu actuellement en Australie, dit le chercheur. Les résultats obtenus là-bas aideront peut-être à convaincre en Suisse dans les prochaines années plus de spécialistes du bien-fondé du nouveau seuil de fièvre. « En médecine, modifier non seulement les processus, mais aussi les mentalités est un travail de longue haleine », explique Roland Ammann. 


Sans vous, pas de recherche possible!

«C’est uniquement grâce à vos dons que nous sommes en mesure d’apporter notre soutien à plusieurs études de Prof. Roland Ammann, et à la recherche oncologique indépendante en général. Remettre en question des certitudes et réaliser de nouvelles découvertes au profit des personnes touchées par le cancer: les chercheuses et chercheurs m’impressionnent beaucoup par leur soif infatigable de savoirs. Et vous également, en tant que donatrice ou donateur, vous jouez un rôle déterminant en mettant à leur disposition les moyens nécessaires. Et je ressens beaucoup d’émotion devant l’engagement de personnes telles que vous en faveur de chances de guérison accrues et de meilleures conditions de vie pour les malades et leurs proches. Ensemble, nous accomplirons de nouvelles avancées et changeront le cours des choses de manière durable. Du fond du cœur, un immense merci! »

vincent.maunoury@krebsliga.ch

Vincent Maunoury, Philanthropy Manager à la Ligue suisse contre le cancer

Vincent Maunoury
Conseil
Conseil

Les personnes concernées, les proches et toutes personnes intéressés peuvent s’adresser à la Ligne InfoCancer en semaine par téléphone, courriel, chat ou vidéotéléphonie de 10h à 18h.

Ligne Infocancer 0800 11 88 11
Chat « Cancerline » aller au Chat
Conseil sur place liguecancer.ch/region
Faire un don
Conseil
Conseil